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charte du Massachussets, et commencé un procès pour en obtenir la révocation. Ce qui est vrai aussi, et bien remarquable, c’est que cette poignée d’hommes, se confiant dans son éloignement, et remarquant en style biblique que David exilé pouvait parler plus librement à Saül à cause du vaste espace qui les séparait, repoussait en termes menaçants les prétentions du roi.

La révocation de la charte, c’était, disaient-ils, un manque de foi gros de malheurs pour eux et leurs voisins. En décourageant tout esprit d’entreprise à l’avenir, cet acte fortifierait d’autant les plantations des Français et des Hollandais. « Enfin, ajoutaient-ils, si la charte nous est enlevée, les peuples comprendront que Sa Majesté les a rejetés, et que désormais ils sont affranchis de toute fidélité et de toute sujétion ; ils s’uniront sous un nouveau gouvernement, pour leur salut et leur subsistance commune, ce qui sera d’un dangereux exemple pour les autres plantations, et périlleux pour nous qui encourrons le déplaisir de Sa Majesté. »

La révolution, faite au profit des puritains, mit fin aux inquiétudes de la colonie. Le Massachussets comptait assez d’amis dans le long parlement pour qu’on l’encourageât à s’assurer de nouveaux privilèges ; mais la crainte de compromettre l’indépendance de la plantation rendit ses magistrats méfiants, et, avec une sagesse et une