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de la propagande en faveur des indépendants. Tout ce qu’accepta le Massachussets, ce fut quelque franchise commerciale.

Cette modération, inspirée par la défiance, tenait au fond même des idées américaines. Les puritains du Massachussets se considéraient comme unis à la métropole, par un lien pareil à celui qui rattachait les villes hanséatiques à l’Empire ; c’était un état de subordination plus nominal que réel. L’Amérique (c’était une de leurs comparaisons ) dépendait de la mère patrie, comme le duché de Normandie, quand il était possédé par le roi d’Angleterre, dépendait autrefois du roi de France. Ils se croyaient si bien indépendants, qu’en 1652 ils frappèrent monnaie à Boston, au nom de la province, ce qui a toujours été considéré comme une des prérogatives de la souveraineté.

Cependant, l’esprit d’intolérance compromit la souveraineté qu’affectait la colonie ; les dissidents exclus du gouvernement en appelèrent au parlement qui d’abord se montra favorable à leur demande. Les planteurs résistèrent avec une énergie nouvelle à une prétention qui menaçait leur indépendance. « Si le parlement d’Angleterre, disait Edmond Winslow, l’agent de la colonie à Londres, peut nous imposer des lois, à nous qui n’avons pas de représentants dans la chambre des communes, et qu’on ne peut y appeler à cause