Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 1.djvu/280

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d’un peuple ; si on ne la décrète pas par un article de loi ; si le temps en est un des éléments nécessaires et si l’apprentissage ne s’en fait pas en un jour, qui ne voit que les constitutions, les chartes, les lois écrites n’ont de valeur que par le peuple qu’elles régissent, et par le souffle qui les anime et les vivifie ?

Emprunter la charte d’un pays voisin, donner à un peuple les lois faites pour un autre peuple, ce n’est que transporter un morceau de papier, si l’on ne trouve pas chez la nation qu’on appelle à la liberté l’esprit même de la nation qu’on imite, ou si tout au moins on ne parvient pas à le lui communiquer. Les colonies espagnoles ont pris aux États-Unis leur constitution ; c’est le tissu de Nessus qui les dévore et qui les tue.

Comprenez maintenant qu’étudier, comparer des constitutions, c’est un travail stérile, si on n’étudie pas en même temps les peuples pour qui ces lois ont été faites, si l’on ne pénètre profondément dans leur caractère et leur génie.

C’est ce qui vous explique tout à la fois pourquoi on vous retient, plus longtemps peut-être qu’il ne semble nécessaire, sur l’histoire des origines coloniales, et pourquoi, après avoir indiqué les dispositions principales des chartes puritaines, on veut à présent vous montrer quelles idées régnaient dans la Nouvelle-Angleterre, et comment la liberté politique était pour les planteurs, si