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ce pays jaloux de liberté, on accorde à l’État une influence beaucoup plus grande sur certains actes privés que dans des pays qui ne sont rien moins que républicains.

C’est ainsi qu’aujourd’hui, dans la Nouvelle-Angleterre, l’observation du dimanche est maintenue avec une rigueur plus grande que dans la mère patrie. C’est une inconséquence, car si c’est en vertu de la Bible qu’on ordonne la célébration du jour du Seigneur, c’est une invasion de l’État dans le domaine de la conscience ; et si c’est simplement par raison politique qu’on assure aux classes ouvrières un jour de repos, il est bizarre qu’on leur interdise tout plaisir, toute honnête récréation.

Le repos du dimanche est ainsi un ancien usage que les mœurs ont conservé après que l’influence politique de l’Église a cessé ; et les mœurs ont également soutenu des dispositions qui se justifient par elles-mêmes, mais qui avaient leur racine première dans la religion. Aujourd’hui, par exemple à Boston, l’adultère et la prostitution sont des crimes publics prévus et punis par les lois ; il y a contre l’ivrognerie des mesures sévères, et parmi ces mesures il en est de préventives qui vous étonneraient dans un pays de liberté, si vous n’en connaissiez les principes austères. Il faut un privilège pour ouvrir un cabaret, et dans tous les États de la Nouvelle-Angleterre, hormis