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purement communaux, et ce qui chez nous est un dogme serait là-bas une hérésie.

La liberté politique a donc, dans la Nouvelle-Angleterre, des racines plus profondes qu’il n’est possible d’en juger sur la lecture de constitutions qui diffèrent peu des nôtres. La nation n’a pas qu’un intérêt indirect à la représentation du pays ; elle ne se réunit pas violemment tous les trois ans pour faire une élection, abdiquer entre les mains de ses délégués et retomber dans la torpeur ; elle veille sans cesse, elle agit sans cesse, mais divisément, dans un petit cercle, et pour des intérêts que comprend le moindre citoyen.

En d’autres termes, et pour exprimer par une comparaison la différence des deux systèmes, ce courant d’idées libérales, souvent grossi d’erreurs et de passions mauvaises, qui règne en tout pays de discussion, nous prétendons le contenir par une digue que nous n’ouvrons qu’à intervalles périodiques, et qu’emporte souvent l’orage, tandis que les Américains divisent ce flot menaçant en ruisseaux, en irrigations perpétuelles qui portent partout la fécondité, et de la liberté ne font connaître aux générations nouvelles que les bienfaits.