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point de résistance ; un ordre émané du cabinet de l’empereur devait s’exécuter dans toute la France sans un moment d’arrêt, sans un murmure.

C’est là, en théorie surtout, un système qui a sa valeur. L’unité, la promptitude d’exécution, la concentration entre les mains d’un seul individu de toutes les forces de la France, tout cela est un grand moyen de défense ou d’attaque. On peut mettre ainsi toute une nation au service d’une idée ou d’une passion ; on peut tirer d’un pays son dernier homme et son dernier écu, mais tout cela n’est point la liberté. L’organisation d’une armée peut bien être celle d’un empire, comme en Russie, mais elle n’a jamais été celle d’une république. L’autorité, le commandement y paraît seul, il n’y a point de place pour la liberté. À l’armée, c’est un régime qui fait le salut et la force des soldats ; dans la société, c’est une tyrannie qui opprime et paralyse les citoyens.

Depuis la charte de 1814, on a senti que, dans les conditions nouvelles de la société et du gouvernement, il était nécessaire de faire à la liberté une part plus grande ; mais la centralisation est un instrument si commode pour le pouvoir, et les communes, longtemps tenues en minorité, ont tellement perdu la connaissance de leurs intérêts, et le véritable esprit de liberté, qu’on n’a jamais accordé la franchise municipale que d’une main