Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 1.djvu/328

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vernement, la garde nationale n’est qu’une puissance d’opinion ; aussi, tour à tour, et suivant que l’opinion a raison ou s’égare, est-elle une défense admirable ou une arme qui éclate dans la main qui s’en sert ; aux États-Unis, au contraire, la milice fait en général une police excellente et maintient la devise de toute république, ordre et liberté.

On voit maintenant quelles racines profondes a jetées la liberté dans ce pays, que des voyageurs superficiels jugent trop légèrement. À ne considérer que les partis qui s’agitent à la surface, le choc des opinions, le bruit et les injures des journaux, la faiblesse apparente des États, ou du gouvernement central, on peut douter du maintien et de la durée de la république. Mais, pour qui a pénétré dans les fondements de l’édifice, pour qui a vu sur quelles assises larges et solides repose la société américaine, celui-là, sans inquiétude sur la liberté des États-Unis, ne peut que souhaiter à la France d’emprunter à l’Amérique, dans la mesure de son génie, non point des formes qui n’ont rien d’essentiel, mais cet esprit qui fait la force et la grandeur de la nation, de la société américaine, ce self government, qualité admirable qui contient à la fois l’esprit d’ordre et l’esprit de liberté, l’indépendance et le respect[1].

  1. Sur ces principes qui, aux États-Unis, constituent la liberté, voyez à l’appendice A, la lettre de John Adams à l’abbé de Mably.