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moi je vois des dangers de plus d’une espèce, et des dangers qu’il n’est pas impossible de conjurer. Voilà pourquoi je publie mon livre, et pourquoi je n’y change rien. Il a été fait sous la République, à une époque où j’espérais prouver aux républicains que, pour la liberté comme pour le pouvoir, il n’y a de salut que dans un régime qui fait une juste place à chacun de ses deux éléments, dans un régime qui empêche la liberté de se perdre dans l’anarchie, et qui empêche l’autorité de s’affaiblir par l’excès même de sa puissance. Aujourd’hui ce n’est plus du même côté qu’on penche, les termes du problème ont été renversés ; mais le problème n’a pas varié, et le devoir d’un citoyen qui aime son pays est toujours le même. Je publie donc mon cours tel que je l’ai fait en 1849, et sans y rien changer d’important. Si arriéré qu’il soit, je le crois de nature à faire réfléchir un lecteur impartial, et c’est à celui-là que je m’adresse ; je n’écris point pour les partis.

Quant aux politiques qui se croient sûrs de l’avenir, je n’entends pas troubler leur sécurité ; discuter d’ailleurs avec eux n’est pas aujourd’hui chose facile ; qu’ils me permettent seulement de leur citer une anecdote peu connue et qui ne manque pas d’intérêt. Je l’emprunte aux Souvenirs du général Mathieu Dumas[1]. Elle est du temps de l’Em-

  1. T. III, p. 362, Paris, 1839.