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colonie avait été une espèce de démocratie sous un patriarche héréditaire, le gouvernement était devenu une copie du gouvernement anglais.

On ne voit pas que dans tous ces changements le bon accord du lord propriétaire et des planteurs ait été troublé un seul instant. La maxime de lord Baltimore était que par la concorde une petite colonie peut devenir une grande nation, tandis que de puissants royaumes périssent par la discorde. Il plaçait sa force dans l’affection du peuple ; aussi de bonne heure voit-on les émigrants « reconnaître le grand soin qu’a pris lord Baltimore pour les protéger dans leurs personnes et leurs droits, et lui témoigner leur reconnaissance pour les dépenses qu’il a faites, et les peines qu’il a eues, en lui accordant librement un subside tel que peut le comporter l’état naissant d’une pauvre colonie. »

La colonie prospérait sous la sage tutelle de lord Baltimore[1], lorsque la révolution rompit tout à coup l’union. Quand la royauté, quand

  1. En 1640, l’assemblée rendit une ordonnance restée célèbre qui soumit à l’inspection le tabac exporté. Aujourd’hui encore, le tabac, les farines, les viandes salées sont visitées avec soin ; le poids et la qualité de la marchandise sont constatés et imprimés sur le couvercle du baril par l’inspecteur, et les qualités supérieures sont les seules dont l’exportation soit permise. La fraude est ainsi prévenue, et le négociant étranger n’a point à s’inquiéter de ce qu’il achète. C’est une institution remarquable chez un peuple jaloux a l’extrême de l’indépendance individuelle, mais qui a compris depuis longtemps que l’ordre, l’honnêteté, la bonne foi sont les conditions premières de la liberté.