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administré par des gouverneurs envoyés d’Angleterre jusqu’en 1715, où Bénédict Calvert, le fils du lord propriétaire, ayant renoncé à la communion romaine, fut rétabli, grâce à son apostasie, dans le droit de ses aïeux, et le transmit à ses héritiers qui le gardèrent jusqu’à la révolution.

C’était, du reste, une souveraineté bien imparfaite. Tout se réduisait à nommer le gouverneur et à confirmer ou désapprouver les actes de l’assemblée, droit d’un exercice délicat pour un souverain sans sujets et sans armée. Le revenu principal du propriétaire consistait dans une petite redevance imposée lors des concessions premières, et qui se levait sur les ventes et les donations ; il se nommait le quitrent, c’était quelque chose comme le droit de quint ou de relief dans nos coutumes féodales. Il y avait loin de ce privilège à la liste civile d’un souverain.

Nous avons fait l’histoire politique de la colonie jusqu’aux premières années du xviii ; quant à son développement intérieur, il fut semblable à celui de la Virginie ; même climat, mêmes productions, même genre de vie. Le tabac fut aussi toute l’industrie, tout le commerce, toute la richesse de la plantation. Cette culture en concurrence amena une jalousie excessive entre les deux colonies. C’était, en effet, un obstacle continuel à l’entente qui eût été nécessaire pour résister au monopole des marchands de Londres. Quand,