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à bon marché ; ce bas prix, on ne l’obtenait que de deux façons, ou par l’esclavage, ou en employant ces indented servants, ces engagés dont on a parlé plus haut, véritables esclaves blancs, mais esclaves temporaires, et qui, après sept ans, retrouvaient la liberté.

Comme le Maryland est situé sous une latitude où la chaleur n’abat point le blanc, et lui permet de lutter avec avantage contre la paresse et l’apathie du nègre, le Maryland fut, de toutes les provinces d’Amérique, celle où l’on trouva le plus grand nombre d’engagés. Le marché en était toujours fourni, le prix d’un homme valant de douze à vingt livres sterling, c’est-à-dire de trois cents à cinq cents francs.

Sous le règne de Jacques II notamment, il y eut une exportation considérable en Amérique des partisans de Monmouth. Les condamnés étaient une marchandise, une valeur que les courtisans se disputaient, au grand mécontentement de Jeffries, qui écrivait au roi :

« Je dois informer Votre Majesté que chaque prisonnier vaut dix livres la pièce, sinon quinze livres, et que si elle continue ses largesses comme elle a commencé, des personnes qui n’ont pas souffert dans le service emporteront le butin. »

Ces bannis ou convicts étaient des hommes que la naissance et l’éducation avaient habitués à une tout autre vie que celle d’esclave ; aussi,