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ciété, et peut lui imposer sa volonté longtemps après qu’il n’existe plus. La terre appartient aux générations vivantes, comme l’a démontré Turgot[1], et il est évident que des charges qui gênent la propriété, ou qui assujettissent inutilement le propriétaire, sont du ressort des lois, nonobstant toute stipulation contraire.

En 1846, la législation de New-York avait donc raison de réformer la loi. D’une part, elle a mis un impôt sur les rentes à long terme, ce qui était taxer deux fois le revenu de la terre, de l’autre (la constitution lui défendant de toucher aux contrats, mais non pas aux successions), elle a décidé qu’à la mort du patron, le tenancier pourrait convertir la rente foncière en rente hypothécaire et posséder ainsi la terre en pleine propriété. Cette seconde mesure était juste et bonne ; mais il est triste d’avouer qu’on a fait la réforme par déférence pour la jalousie populaire, et qu’il ressort du roman de Cooper un asservissement des magistrats à la popularité, qui édifie médiocrement sur les vertus civiques de New-York.

Si on insiste sur ce point, c’est qu’il ne faut pas croire que les doctrines communistes aient chance de succès aux États-Unis. Rien n’y est plus impopulaire, et la haine qu’on y porte aux Mormons en est une preuve. Tout au contraire, c’est

  1. Encyclopédie, art. Fondation.