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repoussaient les autres colonies, et enfin un nombre considérable de proscrits de toutes races, venus de France, de Belgique, des bords du Rhin, de Bohême, ou depuis longtemps établis en Hollande, abri commun de toutes les consciences persécutées, de toutes les vies menacées.

Cette même tolérance et la fertilité du pays amenèrent aussi de nombreux puritains. Il y eut, dès le premier jour, assez d’Anglais à Manhattan pour que les lois et ordonnances fussent rédigées dans les deux langues. Des villes tout entières furent fondées par les Anglais, sous la protection et avec le consentement des Hollandais. Il y avait là un germe de révolution inévitable.

Dès 1652, on voit la Nouvelle-Amsterdam en possession des privilèges municipaux des villes hollandaises ; mais ce n’était rien moins que la liberté telle qu’on l’entendait dans la Nouvelle-Angleterre. La cité avait des bourgeois, mais non des citoyens. Être bourgeois, c’était prendre part au monopole commercial comme dans nos anciennes villes de France ; mais ce n’était rien de plus. C’était le gouverneur qui nommait le sheriff ; c’étaient les deux bourgmestres et les cinq échevins qui présentaient leurs successeurs sur une double liste dans laquelle le directeur choisissait lui-même le conseil[1]. Le pouvoir législatif, la no-

  1. Bancroft, II, 305.