Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 1.djvu/38

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l’explique, et, de son côté, pour être bien jugée, demande à n’être point séparée de son modèle. Ainsi, ce que nous étudierons, c’est ce grand ensemble d’institutions politiques, sous l’empire desquelles s’est développé, au delà de l’Océan, un État qui, du temps de nos pères, ne pesait point dans la balance politique, et qui, s’il reste fidèle à la pensée de ses fondateurs, si les passions humaines ne le perdent en le divisant, s’élèvera, avant la fin du siècle, à un tel degré de force et de grandeur, qu’il n’est aucune monarchie d’Europe qui puisse alors tenir tête à la toute-puissante république.

Évidemment, Messieurs, la recherche des causes qui ont amené ce prodigieux développement, cette fortune inouïe, est du plus haut intérêt ; et si, parmi ces causes, la constitution tient le premier rang, il y a là pour nous un sujet d’une importance extrême et d’une utilité prochaine, un sujet d’études qui, dans les circonstances où nous sommes, s’impose en quelque façon de soi-même, et commande l’attention.

L’importance de cette étude, qui pourrait la mettre en doute ? Est-il possible que des institutions qui règnent sur un si vaste territoire, qui jouent un si grand rôle dans le nouveau monde n’aient point de place dans l’histoire des législations ? Et son utilité, quand fut-elle jamais plus sensible qu’au moment où la France, étonnée du