Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 1.djvu/394

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cère sous ce masque sardonique qui, presque toujours, cache une âme passionnée pour la tolérance et la liberté !

« J’aime les quakers. Oui, si la mer ne me faisait pas un mal insupportable, ce serait dans ton sein, ô Pensylvanie ! que j’irais finir le reste de ma carrière, s’il y a du reste. Tu es située au 40e degré, dans le climat le plus doux et le plus favorable ; tes campagnes sont fertiles, tes maisons commodément bâties, tes habitants industrieux, tes manufactures en honneur. Une paix éternelle règne parmi tes citoyens ; les crimes y sont presque inconnus, et il n’y a qu’un seul exemple d’un homme banni du pays : il le méritait bien, c’était un prêtre anglican qui, s’étant fait quaker, fut indigne de l’être. Ce malheureux fut sans doute possédé du diable, car il osa prêcher l’intolérance ; il s’appelait Georges Keith. On le chassa ; je ne sais pas où il est allé, mais puissent tous les intolérants aller avec lui !

« Aussi, de trois cent mille habitants qui vivent heureux chez toi, il y a deux cent mille étrangers. On peut pour douze guinées acquérir cent arpents de très-bonne terre ; et dans ces cent arpents on est véritablement roi, car on est libre, on est citoyen. Vous ne pouvez faire de mal à personne et personne ne peut vous en faire ; vous pensez ce qu’il vous plaît et vous le dites sans que personne vous persécute ; vous ne connaissez point le fardeau des impôts continuellement redoublés ; vous n’avez point de cour à faire ; vous ne redoutez point l’insolence d’un subalterne méprisant[1]. »

Dès que la nouvelle se répandit en Europe que

  1. Dict. phil., vo Quakers.