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lut reconnaître les sacrifices et le dévouement de Penn, et, par un sentiment qui lui fait honneur, elle indemnisa les héritiers de son illustre fondateur.

Je reviens à Penn. Comme il rentrait en Angleterre, Charles II mourut, et l’affection que Jacques II avait portée à l’amiral se reversant sur le fils, Guillaume Penn devint un personnage influent à la cour d’Angleterre, où son esprit, sa finesse, rehaussés par la singularité de son costume et de ses manières, lui assurèrent quelque chose du succès d’originalité qu’eut plus tard Franklin à la cour de France.

Le premier usage qu’il fit de sa faveur fut d’obtenir la délivrance de ses frères persécutés ; quatorze cents quakers sortirent des prisons où l’intolérance de l’Église anglicane les avait enfermés sous le dernier roi. Il écrivit en faveur des dissidents de toutes les sectes, demandant la liberté civile et politique pour toutes les opinions, y compris ces catholiques auxquels on portait une haine si profonde, qu’elle a laissé ses racines au fond des cœurs, et qu’aujourd’hui elle fait encore partie du patriotisme anglais.

Ce cri de tolérance fut accueilli avec faveur par le roi ; la politique de Jacques s’accordait avec son goût pour le fils d’un ancien ami. Se rendre à la voix des quakers, abolir les lois contre les non-conformistes, c’était un moyen de protéger le retour