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des ennemis de la démocratie qu’ils regardaient comme dangereuse pour l’État, et impuissante à rien fonder. Tous deux chérissant ce qu’à cette époque on nommait les principes anglais, considéraient l’aristocratie comme le seul rempart contre l’arbitraire et la tyrannie, que ces fléaux vinssent d’en haut ou d’en bas. Locke regardait les privilèges de la noblesse comme la garantie des libertés de l’Angleterre, et au travers de tous les changements de Shaftesbury, il est aisé de voir qu’il considérait l’aristocratie comme la pierre angulaire de la constitution.

Locke, ami sincère de la liberté, n’était rien moins qu’un républicain comme Sidney, ou qu’un apôtre de l’humanité comme le fondateur de la Pensylvanie ; ses idées étaient d’une nature toute positive, et il ne donnait rien à l’enthousiasme. Pour lui, la société est purement et simplement un contrat, et la fin de ce contrat, le but des lois par conséquent, c’est de garantir la liberté et la propriété. La conservation de la liberté et de la propriété, tel est l’intérêt qui force les hommes à renoncer à l’état de nature, telle est la cause même de la société, la source du gouvernement[1]. D’où cette conséquence rigoureuse que, dans l’État, la représentation doit être

  1. Du gouvernement civil, chap. viii, Des fins de la société et du gouvernement politique, p. 169 et suivantes de l’édition d’Amsterdam, 1755.