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mais l’Écriture librement interprétée ; car c’était une maxime qu’il répétait souvent : qu’au jour du jugement, Dieu ne lui demanderait pas s’il avait suivi Luther ou Calvin, mais s’il avait aimé et cherché la vérité. Il voulait de la liberté, non pas comme un moyen de s’affranchir de toute religion (pour lui l’athée était un monstre), mais au contraire comme un moyen de ramener l’homme à Dieu, en ouvrant toutes les voies à la sensibilité et à la raison.

Telle fut la constitution qu’imaginèrent Locke et Shaftesbury. Comme le nom des auteurs n’est point en tête de la loi, quelques historiens, des Américains surtout, ont prétendu qu’il était impossible d’attribuer à un si grand philosophe cette œuvre qui reproduit, en les exagérant, toutes les injustices de la féodalité ; mais tout en reconnaissant que certaines maximes de liberté politique et surtout religieuse, que Locke a défendues dans ses écrits, ne reçoivent qu’une satisfaction incomplète dans la constitution de la Caroline ; tout en faisant la part des circonstances et des influences extérieures, il faut bien reconnaître que dans ses lignes générales la charte de la Caroline est en harmonie parfaite avec les théories politiques de Locke, et qu’elle a, dans le traité Du gouvernement civil, son commentaire naturel.

Si l’on en croit M. Bancroft[1], Locke, dans sa

  1. Tome II, p. 150.