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tard, adoptée par la loi de Géorgie[1]. Aujourd’hui encore il y faut l’autorisation publique. En outre, et comme, suivant la loi même de l’esclavage, le croît de ce bétail humain appartient au propriétaire de la mère, on en arrive à ce résultat que peu à peu, et par l’union des blancs et des mulâtresses, on a des esclaves dont le sang n’est guère moins pur que celui de leurs maîtres. Quel plus triste spectacle que la vente publique de femmes, aussi blanches que les créoles, esclaves cependant, et servant à la débauche du maître, dans un pays qui se dit chrétien et civilisé !

Que dis-je ? chrétien. Les planteurs de la Caroline furent tourmentés de la crainte que le baptême n’affranchît l’esclave, et, par conséquent, ils furent partagés entre leur avarice et leur scrupule religieux. Un acte législatif de 1712 calma leur inquiétude ; voici la conclusion hypocrite de cette loi, où la religion n’est que dans les mots :

« Comme la charité et la religion chrétienne que nous professons (il serait difficile de le croire en lisant cet acte, car les mahométans sont bien autrement doux pour leurs esclaves que n’étaient ces pieux Américains) nous oblige à désirer le bien des âmes humaines, et afin que la religion ne serve pas de prétexte pour attaquer le droit et la propriété de personne, et en même temps pour que personne ne

  1. Il en était autrement dans les colonies françaises, espagnoles, portugaises, races moins fières, moins rudes, mais plus chrétiennes, et qui considéraient comme une bassesse et comme une cruauté qu’on pût laisser ses enfants dans la servitude.