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der une colonie où l’on recueillerait les prisonniers pour dettes, les pauvres, et enfin (ce qui rattache la Géorgie aux autres colonies) les protestants à qui l’Église anglicane refusait la liberté religieuse, ou qui étaient persécutés dans le reste de l’Europe. Dans un siècle où régnaient les idées de Locke, où la propriété était le premier des droits, l’emprisonnement pour dettes était perpétuel, et vous avez vu, dans le joli roman du Vicaire de Wakefield, ce qu’était cette prison, où l’honnête homme malheureux était confondu avec le malfaiteur. Ainsi la charité et la tolérance, tels étaient les mobiles d’Oglethorpe ; il n’y avait qu’une exception, toujours la même, au dernier siècle : les papistes étaient exclus de cet asile ouvert à toutes les communions et à toutes les misères.

Il ne fut pas difficile à Oglethorpe de trouver des associés pour cette œuvre de bienfaisance. Sur le rapport favorable du Bureau du commerce, une charte de Georges II, du 9 juin 1732, érigea en province le pays situé entre la Savannah et l’Alabama, et lui donna le nom de Géorgie. Ce fut une commission de personnes riches et bienfaisantes qu’on chargea de gouverner la plantation pendant vingt-un ans. Le sceau de la corporation, qui portait pour emblème un groupe de vers à soie filant, avec la devise : Non sibi sed aliis, exprimait le désintéressement des patrons de la colonie ; et en effet un article inséré à leur demande leur refusait