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avait paru sage d’interposer une colonie militaire entre les possessions espagnoles et la Caroline, pays d’esclaves et par conséquent de peu de défense.

On avait donc décidé que dans la Géorgie les terres seraient partagées entre les habitants mâles seulement, et à charge de service militaire. Les filles n’avaient aucun droit à l’héritage, car ces domaines étaient des fiefs. Le besoin de la défense ramenait au xviiie siècle les lois du moyen âge.

On avait aussi défendu l’introduction des esclaves : « L’esclavage, disait-on, le malheur sinon le déshonneur des autres plantations, est absolument proscrit. Que l’avarice le défende comme elle l’entendra, il y a dans le cœur humain une honnête résistance à l’idée de vendre et d’acheter nos semblables, et de les considérer comme notre richesse et notre propriété[1].

« L’esclavage, ajoutait Oglethorpe, est contraire à l’Évangile aussi bien qu’aux lois fondamentales de l’Angleterre. Nous avons refusé de faire une loi qui permît un crime si horrible. »

À ce motif pieux s’en joignait un autre tout politique. Les Espagnols appelaient à eux les nègres de la Caroline et en faisaient des soldats contre leurs anciens maîtres, dépeuplant et ruinant ainsi doublement le pays. On ne voulait point, suivant l’expression des commissaires,

  1. Bancroft, II, 426.