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à se charger du succès, puisqu’elle s’était chargée de l’émigration.

Au lieu de s’en prendre à eux-mêmes de leur mauvaise fortune, les émigrants s’en prirent à la clause qui prohibait l’esclavage ; et, chose singulière, ils appelèrent la religion à leur aide, prétendant que la servitude était un moyen de propager l’Évangile. Les pauvres esclaves de l’Amérique sont devenus des libres citoyens de la céleste Jérusalem, disait un pieux missionnaire.

Les émigrés de Salzbourg eurent des scrupules et consultèrent en Allemagne : « Si vous prenez des esclaves suivant la foi, leur fut-il répondu, et avec l’intention de les conduire au Christ, l’action ne sera point un péché, mais peut même devenir une bénédiction. » C’était la fausse et mauvaise doctrine d’un petit mal pour un grand bien.

Les esclaves furent alors introduits en foule dans la Géorgie, et pour éluder la loi on imagina de les considérer comme des engagés libres, seulement l’engagement était fait pour cent années. C’est de la même façon, et avec la même hypocrisie légale, que de nos jours les Américains rétablirent l’esclavage dans le Texas, affranchi par les lois libérales du Mexique. Devant cette opposition des planteurs les commissaires durent céder ; tout ce qu’ils purent faire, fut d’obliger les maîtres, sous peine d’une amende de cinq livres, à donner aux nègres l’instruction religieuse au jour