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l’esprit de religion s’y sont montrés dès le premier jour. Vous vous êtes fait une juste idée du caractère américain depuis le puritain fanatique de la Nouvelle Angleterre jusqu’au doux et charitable quaker ; depuis le farmer de l’Est jusqu’au grand planteur de la Virginie et de la Caroline, seigneur féodal de ses engagés, maître absolu de ses nègres.

À présent il vous sera aisé de comprendre la lutte qui va s’engager entre le Parlement soucieux de s’assujettir les colonies, et les colonies trop habituées à la liberté pour renoncer à leurs droits. Vous comprendrez aussi quels étaient les besoins, les idées, les habitudes des hommes qui firent la révolution, car ces idées, qu’ils avaient reçues de leurs pères, vous sont familières ; vous les avez suivies dès l’origine ; vous avez vu quelle était cette émigration et ce qu’elle allait demander au Nouveau Monde ; vous connaissez cette société sans aristocratie et sans populace, fortifiée de toutes les âmes généreuses que la persécution chassait d’Allemagne et de France, exaltée par la persécution, et par le noble orgueil que donne la conquête de la nature, et l’amour de la liberté.

Vous voyez maintenant pourquoi il fallait prendre un aussi long détour : qui veut connaître l’Amérique doit l’étudier dans son berceau.