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Pour le dire en passant, l’autorité des anciens comtes palatins s’explique par la position de leurs seigneuries. C’étaient les provinces frontières du pays de Galles et de l’Écosse, qu’on avait ainsi érigées en grands fiefs, pour opposer des chefs puissants à un infatigable ennemi. Les mêmes causes qui amenèrent la suzeraineté des barons sur le continent, donnaient en Angleterre aux comtes palatins des privilèges qui n’étaient aussi qu’une récompense proportionnée aux services rendus. Ces grandes seigneuries disparurent devant les progrès de la royauté. Dès le règne de Henri III et de Henri IV, on avait réuni à la couronne le comté de Chester et le comté de Lancastre, ce dernier conservant jusqu’à nos jours une administration séparée[1]. Seul, le comté de Durham s’était maintenu, parce que, tombé entre les mains des évêques, il était devenu une de ces propriétés de mainmorte qui ne changent plus ; toutefois, sous Henri VIII, les privilèges en avaient été fort réduits, mais il restait encore les apparences et quelques-uns des attributs de la souveraineté. Les mandements de justice, par exemple, étaient dressés au nom du comte, et toutes les confiscations lui appartenaient.

C’est à ce dernier débris de la féodalité que, suivant l’attachement des Anglais aux anciens usages,

  1. Dans le cabinet anglais figure encore un chancelier du comté de Lancastre.