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les lois de la Grande-Bretagne[1]. Ces institutions s’enracinèrent avec d’autant plus d’énergie qu’elles étaient en germe chez les Anglo-Saxons, comme chez tous les peuples de race germanique, et que Guillaume ne fit que donner une forme plus arrêtée à des rapports nécessaires, et qui avant la conquête s’établissaient déjà naturellement.

Ce ne fut pas en effet par caprice, par désir de la toute-puissance que Guillaume établit le régime féodal en Angleterre. Outre qu’à cette époque le droit féodal, suivant la judicieuse observation de Spelman, était le droit public de l’Europe, la crainte d’une révolte des Saxons vaincus, le voisinage dangereux des Gallois et des Écossais, tout rendait nécessaire cette organisation militaire d’une société toujours armée pour attaquer ou pour se défendre.

Mais, et ceci est remarquable, c’est de cette organisation modifiée par le temps, mais toujours reconnaissable, qu’est sortie la constitution anglaise. La société anglaise a conservé l’empreinte féodale plus purement qu’aucune autre. Si donc on ne connaît les premiers traits de la féodalité, si l’on porte dans l’étude des institutions britanniques les idées politiques des modernes, ou les souvenirs de l’antiquité, il sera impossible d’y

  1. Dans cet exposé j’ai suivi l’excellent travail de M. Guizot : Des causes de l’établissement du gouvernement représentatif en Angleterre ; Essais sur l’Histoire de France, sixième Essai.