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s’étonner que l’aristocratie soit respectée par un peuple qui ne connaît point une gloire nationale en dehors de sa noblesse ?

Enfin, une dernière raison qui explique comment l’aristocratie n’a rien perdu de sa puissance, c’est qu’elle a immobilisé la terre entre ses mains, et à la terre sont attachés des privilèges considérables : le patronage ecclésiastique, la justice, l’administration.

L’Église, la noblesse et la gentry, c’est-à-dire un nombre limité de gentilshommes, possèdent le sol de l’Angleterre, et la loi est calculée pour que l’héritage ne sorte pas de leurs mains et passe à leur postérité.

Le monopole de la terre est ce qui constitue la véritable force de l’aristocratie anglaise. C’est le plus sérieux obstacle au règne de l’égalité. Grâce au droit d’aînesse, le sol ne se divise plus ; grâce aux substitutions il s’accumule dans les mêmes familles, si bien que chaque jour la concentration augmente et le nombre des propriétaires diminue.

Avant la révolution française, on comptait deux cent cinquante-six mille propriétaires en Angleterre et dans le pays de Galles, et ce nombre, déjà fort exigu à le comparer au reste de l’Europe, était réduit, en 1816, à trente-deux mille, parmi lesquels il y avait plus de six mille corporations. En 1831 il y avait une diminution