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nistration des colonies. Et, par exemple, il est visible que l’organisation communale de la Nouvelle-Angleterre n’était possible que dans un pays où tout le monde était propriétaire, et, à ce titre, intéressé au maintien de l’ordre et des lois. En ce point comme en beaucoup d’autres, il est impossible de méconnaître la liaison intime qui existe entre la distribution du sol et le fonds même du gouvernement. Quel qu’en soit le nom politique, empire, république ou monarchie, un pays où le plus grand nombre est propriétaire, et où les propriétés sont divisées avec une certaine égalité, sera forcément une démocratie, je prends le mot dans son meilleur sens, car si je voulais exprimer la différence de la démocratie à la démagogie, je dirais que l’une est un gouvernement de petits propriétaires, et l’autre le gouvernement de ceux qui ne possèdent rien.

Les hommes d’État de la révolution américaine sentirent bien tout ce qu’il y a de force dans ces lois de succession. Aussi l’homme qui, aux États-Unis, personnifie le principe d’égalité. Jefferson, dès le lendemain de l’indépendance, proposa-t-il à l’assemblée de Virginie d’abolir le droit d’aînesse et les substitutions.

Son but était de détruire cette espèce de patriciat qui s’était formé peu à peu dans la colonie sous l’empire de lois aristocratiques. En effet, les grands domaines immobilisés dans certaines