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États-Unis, est autrement puissante que notre Cour de cassation ; car elle peut invalider comme inconstitutionnelle une loi des États ou même du congrès. On a ainsi ouvert un recours légal à quiconque croit souffrir d’une violation de la constitution ; on a désarmé la sédition en lui ôtant son dernier prétexte.

Vous voyez par ces deux exemples, et j’en pourrais citer d’autres, tels que l’organisation du suffrage universel et l’égalité des districts électoraux, quelles leçons nous pouvons tirer de l’expérience faite il y a soixante ans en Amérique, expérience souvent renouvelée, car il y a trente États dans l’Union, et chacun d’eux s’est donné, et souvent à plusieurs reprises, une loi politique volontairement imitée de la charte fédérale ; toutes les Conventions, toutes les discussions, ont ramené à cet excellent modèle : seulement, il nous faut l’étudier non pas à la légère, mais avec soin, pour nous pénétrer de son esprit et le transporter dans nos institutions.

Est-ce à dire qu’il nous suffit d’emprunter à l’Amérique sa constitution, comme en 1814 nous avons copié les lois de l’Angleterre ? Non, Messieurs ; et quoique aujourd’hui nous ayons mille ressemblances avec les États-Unis, une pareille pensée est loin de moi. On ne prend à un pays ni ses mœurs, ni ses institutions ; les unes sont la conséquence des autres, et ce qui convient à