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serait inexplicable dans quelques-unes de ses dispositions les plus importantes, l’organisation du sénat par exemple. L’histoire seule nous apprendra qu’il ne faut point attacher une valeur absolue à des dispositions toutes particulières au peuple américain et qui sont le résultat de concessions, de compromis mutuels, de nécessités du moment. Il fallut bien des sacrifices pour amener une transaction entre les prétentions opposées de treize États souverains, différents d’étendue, de situation, de richesses, d’intérêts, de religion ; et on ne peut demander l’unité d’une théorie à une œuvre de cette espèce.

« Je considère presque comme un miracle, écrivait Washington, de voir les délégués de tant d’États divers par leurs mœurs, leur position et leurs préjugés se réunir pour former un système de gouvernement national, contre lequel on peut élever si peu d’objections fondées. Je ne suis pourtant pas un admirateur assez enthousiaste, assez partial, assez aveugle pour ne pas voir que ce système est entaché de quelques défauts réels quoiqu’ils ne soient point radicaux[1]. »

Est-ce à dire pour cela que la constitution des États-Unis soit toute locale, et qu’elle ne nous offre ni intérêt ni enseignement ? Ce serait une idée fausse par son exagération. Au con-

  1. Sparks, Washington, t. II, p. 243.