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Armé de ce titre large, mais contestable, Cabot, accompagné de son fils Sébastien, mit à la voile pour les régions inconnues, et, après avoir aperçu l’île de Terre-Neuve, le premier il découvrit la terre ferme que Colomb ne vit que l’année suivante[1], dans sa seconde expédition, en 1498. Sébastien Cabot suivit la côte, sans aborder, depuis le cap Breton jusqu’aux Florides ; tel est l’origine du titre anglais sur le territoire primitif des Etats-Unis.

Le pays reconnu par Cabot était occupé par des tribus sauvages, souveraines du sol beaucoup plus légitimes que les Anglais, qui n’avaient fait que l’entrevoir ; mais, dans les idées du temps, ce titre était nul. Dieu était le Dieu des chrétiens et non pas le père commun des saints et des infidèles ; aussi, comme un même intérêt unissait tous les princes, pas une voix ne s’éleva en faveur des Indiens, et en ce point le droit public des Européens fut invariable.

Le pays découvert par l’Espagne ou l’Angleterre appartenait, par droit de souveraineté, à l’Angleterre ou à l’Espagne ; le titre indien était nul, et le sauvage par conséquent ne pouvait pas vendre à une autre nation une souveraineté qu’on ne lui reconnaissait pas. On pouvait bien admettre que ces tribus étaient propriétaires des forêts et

  1. Dans son premier voyage, Colomb n’avait découvert que les îles de Cuba et de Saint-Domingue.