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souvent on leur a refusé le second parce qu’on leur contestait le premier. Ce sont, comme le montre l’exemple de l’Algérie, deux questions différentes. Partout aujourd’hui on respecte la propriété des indigènes, lorsque, comme en Afrique, c’est un véritable domaine, des terres occupées par la charrue ou par le pâturage ; mais on ne reconnaît pas davantage la souveraineté. Est-ce simplement la force qui donne ainsi aux Européens des continents nouveaux ou dépeuplés ? ou bien la civilisation a-t-elle un droit supérieur à la barbarie ? Jusqu’à quel point un peuple chasseur, ou nomade, peut-il prétendre un droit de propriété sur des terres qu’il parcourt plutôt qu’il n’occupe ? jusqu’à quel point peut-il, en arrêtant l’agriculture et la civilisation qui suit la culture du sol, empêcher l’accroissement et le perfectionnement de la race humaine qui semblent dans les desseins de la Providence ? C’est, vous le voyez, un problème où la justice et l’intérêt social sont visiblement engagés. Ce n’est pas le moment de le discuter ; mais la distinction de la souveraineté et de la propriété vous donnera peut-être les éléments d’une solution qui ménage les intérêts de tous.

Ce qui nous touche davantage et ce qu’il nous faut examiner, c’est la règle qu’adoptèrent les puissances européennes pour constater la souveraineté acquise sur ces terres trop vastes pour