Page:Laboulaye - Quelques réflexions sur l’enseignement du droit en France.djvu/31

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sans doute à sa division en trois parties son apparente immobilité.

Il faut donc reconnaitre quel ordre officiel ne peut pas se défendre au point de vue scientifique ; il est arbitraire, il est exclusif, il est antipathique à la liberté d’esprit nécessaire à quiconque veut travailler. C’est en outre un embarras pour le gouvernement qu’il charge mal à propos d’un rôle qui ne lui convient pas, celui d’administrateur et de dispensateur de la science. La liberté d’études, au contraire, ne gêne en rien la surveillance politique de l’État, tout en le débarrassant d’une responsabilité périlleuse. Aussi ne douterais-je pas du triomphe de cette réforme, si, malheureusement, le système régnant ne se liait à l’une des plus détestables institutions qui, chez nous, compriment l’enseignement, je veux parler desexamens.


§3. — Des examens.


Je réclame toute l’indulgenre et toute l’attention du lecteur, car j’attaque des idées depuis longtemps reçues, et un régime condamné, il est vrai, depuis longtemps à l’étranger. mais dont en France on ne paraît pas même soupçonner les défauts.

Quel est le but d’un examen ? c’est de forcer l’étudiant a s’assurer de ses connaissances, et, en même temps, de donner à l’État et au maître la certitude que l’élève a profité des leçons qu’il vient chercher à la Faculté. Un pareil but n’a rien que de louable, et, pour ne parler que de l’étudiant (puisque nous supposons toujours les droits de l’État garantis par une épreuve finale), c’est un excellent exercice que de le forcer à revenir sur ce qu’il croit savoir, à s’interroger, a s’éprouver, à exercer sa mémoire après avoir exercé son intelligence et son jugement.

Mais les meilleures choses ont des inconvénients quand on les exagère, et il est évident, par exemple, que si l’on multiplie les examens de façon à ôter aux étudiants le temps nécessaire pour travailler sérieusement ; si l’on gêne, par cette direction forcée, la libre action de leur intelligence ; si l’on donne tout a la mémoire