Page:Lacasse - Une mine de souvenirs, 1920.djvu/32

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man rentra dans sa chambre, appela mon frère, lui parla à l’oreille. Celui-ci revint et demanda à mon père d’une voix attendrissante de vouloir bien pardonner à son petit frère qu’il aimait beaucoup. Voilà mes sœurs à pleurer et à disparaître de la scène.

Mon père resta silencieux. Ma sœur rentra avec la hart en mains, la plus petite qu’elle avait pu trouver. Mon père la trouva trop grosse ; il l’émonda, la rogna, puis il me dit ces graves paroles : « D’abord tu ne présideras plus à la prière commune du soir. (Pour l’intelligence de l’histoire, je dois avertir mes lecteurs que ma marraine m’avait promis de me faire dire la prière du soir, si je voulais me dépêcher d’apprendre mes prières. J’avais déjà commencé à remplir mes honorables fonctions depuis quelques jours.) « Un enfant qui répand le sang de son frère ne mérite pas l’honneur de représenter son père et sa mère devant la cour céleste. » Puis me prenant par le bras il me donna trois coups au siège préparé pour l’exécution.

Mettons maintenant quelques réflexions sur cet incident du coup de hache. Une faute légère a été commise, je suppose. Il faut qu’elle soit réparée avant que l’âme coupable entre en paradis, lieu où séjourne l’innocence. La porte de l’innocence, conservée depuis le baptême ou recouvrée par

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