Page:Lacenaire, éd. Cochinat, 1857.djvu/112

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE XVII.

Un caniche grand-d’Espagne. ― Un jury de voleurs. ― L’émeraude.


Dans le caractère de cet assassin, « aux vastes plans inéchouables, » comme Lacenaire le dit lui-même, il y avait pourtant des contrastes assez marqués ; ainsi, cet homme qui tenait si peu compte du sang de ses semblables, aimait beaucoup les animaux et était très doux avec eux.

Il avait un caniche qu’il adorait, et qu’à cause de sa blancheur éblouissante il appelait Blanc-Blanc. Un jour, l’animal disparut. Son maître crut qu’il rentrerait plus tard ; mais le chien ne se montra ni le soir, ni le lendemain, ni les jours suivants. Il le chercha partout ; impossible de le retrouver. Il en ressentit une peine extrême, et se disait que, pour qu’il restât si longtemps hors du logis, il fallait que Blanc-Blanc fût mort ou arrêté par une force majeure. Enfin, une nuit, Lacenaire, qui demeurait dans une maison assez mal tenue, se réveille en sursaut au bruit d’un piétinement rapide dans l’escalier. Il prête l’oreille :

— C’est un chien, se dit-il, c’est Blanc-Blanc ! Il n’y a que lui qui puisse monter ici à pareille heure !

Un instant après, un jappement impatient se fait entendre sur le carré. Lacenaire se dresse sur son séant. Plus