Page:Lacenaire, éd. Cochinat, 1857.djvu/125

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fixant les yeux sur celui des trois complices qui occupait la Renommée du bruit de ses exploits, de reconnaître dans ce criminel son panégyriste de l’Ambigu, le chantre ordinaire de ses triomphes !

Lacenaire, en souriant, lui fit de la tête un petit salut bienveillant ; mais Albert se trouva mal à sa place et attrapa sur-le-champ une jaunisse, dont il ne guérit que deux ans après.


CHAPITRE XIX.

Un garni mal famé. ― Assassin à l’affut d’un garçon de caisse. ― Visite à M. Scribe. ― La terreur chez les vaudevillistes.


Lorsque Lacenaire avait lieu de craindre d’être chassé par la police, il se remisait dans un garni tenu par un nommé Pageot, rendez-vous ordinaire d’une foule de gibiers de potence.

Le logeur était aussi mal avec la Préfecture que ses hôtes, mais il est de ces établissements que la police laisse où ils sont de peur d’en remuer les éléments de putréfaction et d’en infecter un autre point de Paris. Il est vrai qu’au besoin elle sait y retrouver les lépreux du corps social. Lacenaire prit chez Pageot un gîte et la pâture pour quelque temps, et, autant pour se tenir en haleine que pour attendre Avril, il se livra quelques vols avec fausses clefs.