Aller au contenu

Page:Lacenaire, éd. Cochinat, 1857.djvu/183

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— « Le voleur a-t-il dit, laisse toujours une trace involontaire de son passage. L’intelligence de la police consiste à la découvrir. Il n’y a pas de petits indices. »

Voici maintenant le manuel de l’accusé coupable :

— « Parler le moins possible pendant l’instruction, disait-il : ne pas parler du tout si l’on peut, tel est le meilleur système de défense du prévenu. Tandis que le juge d’instruction démasque ses batteries, l’accusé cache les siennes et ne riposte qu’à coup sûr. Le silence écrit ne passera jamais pour un aveu aux yeux du jury.

« Devant le tribunal, l’accusé doit plutôt battre en brèche les arguments de l’accusation que céder au désir de prouver son innocence. Qui prouve trop ne prouve rien.

« Le grand art, c’est de faire naître des doutes dans l’esprit des juges. En matière religieuse, si c’est la foi qui sauve, au point de vue du Droit, c’est le Doute. »

Dans l’avenir, Lacenaire est destiné à prendre place à côté de Cartouche et de Mandrin au Panthéon des voleurs populaires.

Ce scélérat d’esprit savait toute l’importance d’un petit indice entre les mains de la Police. Ce qui l’a perdu, c’est un nom écrit avec de la craie sur une porte. Supposez ce nom effacé, Lacenaire continuait sa vie de débauche et de sang. Un hasard pouvait seul le livrer.

Il est vrai que le hasard est un visiteur inattendu, qu’on doit toujours attendre.

Le 9 janvier 1835, l’autorité apprit la tentative d’assassinat et de vol commis dans la rue Montorgueil, 66, par deux individus, dont l’un se nommait Mahossier.