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Page:Lacenaire, éd. Cochinat, 1857.djvu/335

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« Ils peuvent se vanter d’avoir, hier soir, et deux heures durant, placé cruellement ma tête sous le boisseau.

« Un phrénologiste, M. Dumoustier, m’a été amené, et m’a modelé : ma figure serait devenue pourpre, s’il m’eût fallu avouer tout haut les sensations chaudes, tièdes et froides, qui me couraient le long de la colonne vertébrale, pendant la préparation de l’épreuve du moulage. Mais, comme je sais garder la consigne que je me suis donnée, rien n’a paru.

« Les réels apprêts pour l’échafaud, jusqu’à me raser les cheveux ! le froid du rasoir sur la nuque, m’a fait courir un million de fourmis aux pattes froides sur la chair. Avec un peu plus d’humanité, ce médecin me tirait de peine et abrégeait la besogne des autres ! Il est vrai que le plâtre ne m’aurait plus représenté que mort, et qu’il faut au moins, pour la curiosité de la science, deux copies, une avant, l’autre après.

« Ensuite, j’ai dû, couché sur mon lit, renverser ma tête dans un demi-cercle en cuivre qui m’a pris au cou, comme la lucarne de la guillotine. J’ai compris tout cela.

« Est venu le plâtre : petit à petit ma face s’est trouvée couverte ; pour conserver ma respiration, deux petits tubes.

« Alors je me suis arrangé dans une autre hallucination : ma respiration était évidemment fort gênée ; avec un coup de collier, bien déterminé de ma volonté, je pouvais m’intercepter l’air, m’étouffer… ils m’auraient cru patient et docile ; j’eusse été mort ! sans autre avis ; à peine une convulsion dans les jambes qu’ils auraient