Et, quand on lui eut tout raconté, Hermance éclata en sanglots et s’écria :
« Ce n’est pas vrai !… C’est une affreuse erreur judiciaire !… Mademoiselle Claire !… Un ange ! !… »
Puis, ayant jeté sur la table le prix de son souper, elle quitta hâtivement l’auberge. Vite, et s’appuyant avec force sur son bâton, elle se dirigea vers la prison.
« Je vais la sauver, la bonne demoiselle. Mademoiselle Claire ! Un ange du bon Dieu !! Je sais qu’elle n’est pas coupable et je la sauverai !!… »
— « Je vous y aiderai », dit une voix tout près d’elle. Et Hermance aperçut le vieillard qu’elle avait remarqué dans la salle de l’auberge, l’homme au regard sinistre.
— « Vous ! » s’écria Hermance. « Et pourquoi m’aideriez-vous ? La connaissez-vous Mademoiselle d’Ivery ? »
Le vieillard sembla hésiter à répondre, mais, s’y décidant enfin :
— « J’ai bien connu son père et c’est pourquoi je désire vous fournir les moyens de la sauver. J’ai un projet à vous soumettre, si vous voulez bien m’écouter un instant. »
Hermance et le vieillard causèrent longuement et quand celui-ci la quitta enfin, la colporteuse cacha dans le fond de son panier une liasse de billets de banque que lui avait remis l’étranger, pour faciliter sa tâche.
— « Je la sauverai la bonne demoiselle, je la sauverai, Dieu aidant ! » murmurait-elle.
Puis elle marcha à pas précipités, vers sa demeure qui était, on s’en souvient, non loin des « Saules ».
CHAPITRE X
La surprise
Le procès de Claire a eu lieu. Les jurés ont dit « Coupable » et, dans un mois maintenant, Claire d’Ivery aura cessé de vivre.