Page:Lacerte - La Gardienne du Phare, 1921.djvu/80

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
76
la gardienne du phare

Zilumah savait que les mêmes difficultés ne se présenteraient pas dans toute l’épaisseur du glacier, la glace étant par couches plus ou moins dures, et cela l’encourageait un peu…

Claire prit la barre à son tour. Quelle pénible besogne pour ces frêles jeunes filles !!… À tour de rôle, elles travaillèrent, grignotant quelques morceaux de biscuits pour se soutenir un peu. Et maintenant qu’elles travaillaient depuis six heures du matin et qu’il était quatre heures de l’après-midi, une question importante se posait à Zilumah : si la glace avait plus de dix pieds d’épaisseur, que feraient-elles ?… Le couloir avait déjà plus de huit pieds de long et la fin semblait loin encore… La barre de fer n’avait que dix pieds… est-ce que vraiment tout ce travail serait perdu ?…

l’Esquimale voulut en avoir le cœur net tout de suite. Elle fit chauffer à blanc le bout de la barre de fer et l’enfonça dans la glace. Aussitôt, un cri de joie lui échappa ; l’extrémité de la barre était arrivée dans le vide. L’air pur entra à flots dans le rez-de-chaussée. Cet air vivifiant les ranima toutes deux, et même Tribord vint aboyer joyeusement à l’orifice.

Maintenant, il ne fallait pas risquer que ce couloir se bouchât par des fragments de glace. Zilumah alla chercher, au premier étage, des feuilles de tuyau de poêle. Aidée de Claire, elle enfila les feuilles les unes aux autres et ainsi enfilées, ces feuilles faisaient un tuyau de douze pieds à peu près. Non sans difficulté, les jeunes filles parvinrent à passer le tuyau jusqu’à l’extrémité du couloir, laissant dépasser deux pieds du tuyau au dehors, ce qui assurait le parfait fonctionnement de l’appareil, et la fenêtre fut refermée. Il était six heures du soir ; depuis douze heures qu’elles travaillaient, aussi, étaient-elles épuisées. Mais elles avaient réussi pleinement ; elles n’auraient qu’à ouvrir la fenêtre maintenant pour aérer leur demeure.

« Que j’ai faim ! » s’écria Zilumah. « Je vais préparer du café ; vous Claire, faites-nous un bon souper hein ? »

— « Avec quoi ferons-nous du café ? Nous n’avons pas d’eau », répondit Claire.