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Page:Lachatre-Histoire des Papes. Vol 2.djvu/11

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Caractère du douzième siècle. — Origine de Pascal. — Élection du pontife. — Conquêtes des croisés. — Suite du schisme causé par l’antipape Guibert et par l’empereur Henri. — Querelle des investitures. — Conciles de Poitiers et de Rome. — Lettre du pape au métropolitain de Guesne. — Nouveau concile à Rome. — La comtesse Mathilde renouvelle l’acte de donation de ses biens au saint-siége. — Réponse d’Ives de Chartres aux plaintes portées contre lui. — Révolte du jeune Henri contre son père. — Henri IV fait sa soumission au saint-siége. — Lettre infâme du pape. — Réponse du clergé de Liége. — Préparatifs d’une nouvelle croisade. — Le pontife vient en France. — Église d’Orient. — Démêlés du pape et du roi de Germanie. — Le pape est fait prisonnier. — Révolte des Romains. — Pascal accorde les investitures. — Il est remis en liberté. — Couronnement de l’empereur. — Le pape est accusé d’hérésie. — Il veut renoncer au pontificat. — Conciles de Latran, de Cépéran et de Beauvais. — Nouvelles séditions contre le pape. — L’empereur entre dans Rome à la tête d’une armée. — Le pape s’enfuit. — Mort de Pascal II. — Caractère du pontife.



L’histoire de l’Église au douzième siècle offre une longue suite de crimes horribles et de corruptions infâmes : le cardinal Baronius, zélé défenseur des papes, avoue lui-même qu’il semblait alors que l’Antechrist gouvernât la chrétienté. Saint Bernard, qui vivait dans ces temps déplorables, écrivait à Gaufrid : « Ayant eu depuis plusieurs jours le bonheur de voir le pieux Norbert et d’entendre quelques paroles de sa bouche, je lui ai demandé quelles étaient ses pensées sur l’Antechrist ; il m’a répondu que cette génération serait certainement exterminée par l’ennemi de Dieu et des hommes, car son règne avait commencé. »

Bernard de Morlaix, moine de Cluny, leur contemporain, écrivait également : « Les siècles d’or sont passés ; les âmes pures ne sont plus ; nous vivons sous le dernier des temps ; la fraude, l’impureté, les rapines, les schismes, les querelles, les guerres, les trahisons, les incestes et les meurtres désolent l’Église. Rome est la ville impure du chasseur Nemrod ; la piété et la religion ont déserté ses murs ; hélas ! le pontife ou plutôt le roi de cette odieuse Babylone foule aux pieds l’Évangile et le Christ, et se fait adorer comme un dieu. »

Enfin, Honorius, prêtre d’Autun, s’exprime sur le clergé avec plus d’énergie encore : « Regardez, s’écrie-t-il, ces évêques et ces cardinaux de Rome ! ces dignes ministres qui entourent le trône de la bête ! ils sont toujours occupés de nouvelles iniquités et ne se lassent point de commettre des crimes. Non-seulement ces infâmes s’abandonnent avec les jeunes diacres à toutes sortes de dépravations ; mais encore ils veulent forcer le clergé des provinces à les imiter. Aussi dans toutes les églises les prêtres négligent le service divin, souillent le sacerdoce par leurs impuretés, trompent les peuples par leur hypocrisie, renient