Page:Lachatre-Histoire des Papes. Vol 2.djvu/784

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parce (ju’il ne sonsfe qu’à vous plaire par ses llalleries, et mree iju’il vous prostitue son lionneur. Vous lui sacrilie/. les j^ens vertueux, vmis lui laissez lyranuiscr rE} ;lise, et aucun prélat n’est traité aussi bien que lui par Votre Majesté.

•> Vous avez pour confesseur un jésuite vicieux qui n’aime ([ue les ^ens profanes et relâchés, qui est jaloux au suprême deçrré de l’autorité que vous lui avez donnée. N’est-il pas iionteux qu’un tel lioinuie lasse les évèques à son choix et décide de toutes les alVaires de conscience ? Vous êtes seul en France, Sire, à ignorer qu’il ne sait rien, que son esprit est grossier, quoiqu’il ne laisse pas que d’avoir de la ruse avec cette grossièreté d’esprit , que les jésuites même le m-’prisent, et sont indignés de le voir si facile à l’ambition ridicule de sa laniille.

oAous avez fait d’un religieux un ministre d’Etat, et le ministre ne se connaît ni en hommes, ni en linanccs, ni en administration ; il est la dupe de tous ceux qui le flattent et lui font de petits présents ; il ne doute ni n’hésite sur aucune question difliciie. Un autre ministre n’oserait décider seul ; pour lui, il tranche toutes les questions, de peur d’avoir à rougir de son ignorance devant quelqu’un. Il marche hardiment, sans craindre de vous égarer ; il penche toujours au relâchement, et cherche à épaissir les ténèbres autour de Notre Majesté. Ainsi, c’est un aveugle qui en conduit un autre ; et, comme dit Jésus-Christ : « Ils tomberont tous deux dans la fosse. »

« Tous ceiix qui vous entourent redoutent de vous éclairer : cependant la France estaux abois. Qu’attendent-ils pour vous parler fianehement ’ ? que tout soit perdu ! Qu’ils parlent, qu’ils parlent donc ; qu’ils se

retirent, si vous êtes tellement ombrageux qu’on no puisse vous donner un conseil ; qu’ils aliaudouneiil le roi, si le roi ne veut que dos llalteurs autour de lui. S’ils restent, ils doivent vous dire la vérité. Malheur, malheur à eux, s’ils ne la disent pas, et malheur à vous si vous n’êtes pas digne de l’entendre ! ->

Cette lettre, sublime d’éloquence et de courage, ne produisit d’autre résultat (pie d’exciter dans l’âme du dévot inonanpie une haine violente conlre son auteur, et nous en avons vu les conséquences dans les persécutions que l’illustre Fénelon eut à siii)ir lors de ses disputes avec Bossuet.

Le jubilé séculaire s’ouvrit enfin, et l’or des peuples vint s’engloutir dans le trésor apostolique ; mais innocent XII n’eut pas la joi(> de contempler les richesses qui s’amniicelaieiif dans les caves du atican ; une lièvre lente, qui le minait depuis plusieurs mois, l’emporta le 18 septembre 1700.

Pendant le dix-septième siècle, nous avons vu les pontifes de Rome se consumer en elforis impuissants ]iour disputer aux rois les prérogatives de leur omnipotence, et en être réduits, pour sortir de leur nullité, à soulever des querelles théologiques , à faire naître des hérésies, à encourager même des attaques directes contre la religion, jiréférant ainsi le sarcasme et les luttes à l’indilTérence et à l’oubli des hommes. Dans le dix-huitième siècle, nous verrons les orgueilleux successeurs de l’Apôtre terrassés par une légion de génies sublimes, et la France secouer enfin les doubles chaînes de la superstition et du despotisme, saper les fondements du colosse papal, brisiT les sceptres des rois et faire un jias de géant vers la contjuête de la liberté, vers la République I


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