Page:Laclos - De l’éducation des femmes, éd. Champion, 1903.djvu/48

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quiétude ; elle court au ruisseau le plus voisin, elle veut éteindre dans les eaux le feu qui la tourmente, les premiers rayons du soleil l’éclairent dans le bain. Vain remède ! elle en sort et brûle de nouveau. Elle porte autour d’elle des regards ardents et inquiets ; ils se fixent enchantés par le spectacle du matin ; elle a senti les 1ers feux de l’amour ; la nature va s’animer pour elle ; le doux parfum des fleurs la prépare à la volupté ; le ramage des oiseaux n’est plus un vain bruit : c’est une harmonie touchante, qui répond à son cœur. Leurs caresses réitérées l’affectent plus encore ; les mains élevées, la bouche entr’ouverte, les yeux humides, elle regarde et craint de les distraire. Sa respiration courte et pressée, le mouvement précipité de son sein, tout montre assez le trouble de son âme. C’est alors, qu’à quelque distance, elle apperçoit un homme ; un instinct puissant, un mouvement involontaire, la fait courir vers lui ; plus près, elle devient timide, elle s’arrête. Mais, emportée de nouveau, elle le joint et le serre entre ses bras… Jouissance délicieuse, qui, jamais, osera te décrire ?