de la religion se célébroient dans cette langue,
ils la conserverent pour les mêmes usages, sans
l’étendre à celui de la vie commune ; elle perdoit
au contraire tous les jours. Et les ecclésiastiques
furent bientôt les seuls qui l’entendirent : les langues
romane & tudesque, tout imparfaites qu’elles
étoient, l’emportèrent, & furent les seules en
usage jusqu’au regne de Charlemagne.
Ce prince, amateur de toutes les sciences, appella à sa cour les sçavants de toutes les nations. Tout ce qu’il y avoit alors de connu par l’esprit ou par les arts se rendit auprès de lui. Il forma une académie dont il étoit protecteur & membre ; les seigneurs s’empresserent d’y obtenir & même d’y mériter des places. Charles voulut que chaque académicien, à commencer par lui-même, adoptât un nom particulier, afin d’introduire cette égalité d’où naît la liberté, même celle de penser.
Quoique ce prince entendît & parlât facilement les différentes langues de son empire, il s’attachoit à y faire dominer la sienne ; il donna des noms tudesques aux vents & aux mois, & pour faciliter l’étude de sa langue & la réduire en principes, il en fit composer une grammaire. Trithème, abbé de Spanheim, assure en avoir vu une partie ; mais quoiqu’il fût fort versé dans l’art