langues sont expressément distinguées par le concile.
Un passage de l’abbé Gérard, qui rédigea
dans l’onzieme siecle la vie d’Adélard, abbé de
Corbie, fait encore voir que le latin, le tudesque
& le roman étoient trois langues différentes. Ce
fut dans ces deux dernieres que le latin se trouva
dans la suite comme enseveli ; la romane sur-tout
faisoit tous les jours de nouveaux progrès, &
commençoit, dans le gros de la nation, à l’emporter
sur la tudesque qui se trouva bientôt comme
reléguée en Allemagne.
En effet, Charles le Chauve, roi de France, & Louis son frere, roi de Germanie, ayant fait un traité d’alliance en 848, & voulant le fortifier par la religion du serment, Charles s’adressant aux Allemands fit le serment en langue tudesque, & le roi Louis s’adressant aux François, fit le sien en langue romane ; chacun voulant se faire entendre par le parti opposé : ce qui suppose que les François, du moins pour la plupart, n’entendoient pas le tudesque. Les deux serments sont rapportés mot à mot par Nithard ; & on les trouve expliqués, & avec une dissertation de Marquard Fréher, dans le second tome des historiens de France de Duchesne. La langue tudesque subsista encore long-tems à la cour, puisque cent ans après,