Page:Lacretelle Silbermann.djvu/12

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que je pénétrais dans cette cour, les choses me présentaient un aspect neuf et je portais de tous côtés des regards curieux. La pensée chagrine d’une indépendance qui expire me vint à l’esprit comme je remarquais les portes et les croisées nouvellement repeintes. Leur couleur marron rouge était pareille à celle des jujubes que l’avant-veille encore je ramassais à Aiguesbelles, près de Nîmes, dans le jardin du mas. C’était là, chez mes grands parents, que nous avions passé les vacances comme chaque année. Nous y restions jusqu’au soir du dernier dimanche, car ma mère se plaisait beaucoup à ces jours de cérémonie et de loisir qui lui rappelaient les réjouissances virginales de sa jeunesse. L’absence de mon père, qui rentrait à Paris au commencement de septembre, la rendait libre de les vivre de même façon qu’autrefois. Le matin, nous allions avec mes grands parents au temple. Au retour, ma mère