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LE SECRÉTAIRE DU MINISTRE

manières et de belle allure ; il a, vous le voyez par cet exposé, tous les droits à demander chez sa femme de la jeunesse, de la naissance, de la fortune ; quant aux alliances, lors même qu’il n’y en aurait pas du côté de la jeune fille, celles que possède M. Jussieux et celles que ses amis mettent à sa discrétion lui peuvent suffire.

Quant à la beauté de la jeune fille, M. Jussieux est un homme sérieux, raisonnable ; aussi une femme religieuse, modeste, comprenant pieusement les devoirs que lui apportera le mariage avec un homme tel que lui, aura toujours le pas sur une jolie figure et sur des charmes tout mondains qui pourraient recouvrir et dissimuler une grande légèreté de principes et de cœur.

— C’est tout à fait un mariage de convenances, n’est-ce pas, que vous voudriez voir faire à M. Jussieux, reprit la religieuse ; au reste, c’est ce qu’il y a de plus sage dans la situation où il est, et je crois que d’ici à quelques jours, si vous voulez bien me faire l’amitié de me venir voir à nouveau, je saurai vous dire quelque chose de très-sérieux à ce sujet.

— Ah ! ma chère mère, que vous êtes bonne et charmante ! s’écria Mme Hélène qui sentait les larmes gagner sa paupière et qui faisait d’héroïques efforts pour n’en rien laisser voir.

Quand elle fut remontée dans son coupé, quand le valet de pied en eut refermé, sur elle, la portière, elle se laissa aller à son émotion. Les larmes contenues se firent alors jour avec une telle abondance, qu’elle se disait en les essuyant :

— Quand j’aurai bien pleuré, quand elles se seront toutes répandues ces larmes brûlantes, amères et lourdes