Page:Lacroix - La Perle de Candelair.djvu/68

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
60
LA PERLE DE CANDELAIR

despote, le cher homme, même dans les petites choses. Aussi, pour être plus à l’aise, Mme Daubrée attendait-elle toujours qu’il fût allé faire son tour de ville avant d’entamer une conversation un peu suivie sur ses voisins ou ses voisines.

— Vous travaillez donc chez Mme Malsauge ? demanda Mme Daubrée à la jeune fille, aussitôt qu’elle se trouva seule avec elle, car Étienne, qui avait pris un livre et s’était assis dans un coin, ne comptait pas.

— Oui, madame, répondit laconiquement Mariette.

La jeune fille, connaissant l’humeur de la dame, ne voyait pas sans une certaine crainte s’ouvrir le chapitre des causettes.

— Alors, vous devez savoir si tout ce qu’on dit sur son luxe et sa façon de vivre est vrai ?

— Je ne sais rien du tout, madame, répondit-elle du même ton indifférent.

— Je ne vous ai jamais vue si muette que cela, reprit Mme Daubrée en faisant un geste de profond étonnement.

Mariette rougit jusqu’à la racine de ses cheveux. En un instant son visage était devenu presque aussi éclatant que les fleurs de son mouchoir de cou. Le reproche, quoique fait amicalement, la touchait, car elle passait et à juste titre pour la gazette la mieux informée de toute la ville.

C’était peut-être la première fois qu’elle répondait d’une façon aussi laconique, et l’étonnement de Mme Daubrée était parfaitement justifié.

— Mon Dieu ! s’écria l’ouvrière en brisant son fil, cela n’arrive qu’à moi. J’ai une boutonnière à finir et chaque