Page:Lafargue - Pamphlets socialistes, 1900.djvu/155

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—Que faut-il faire ? s’écria le vieillard blanc transporte,

—Un miracle.

—Un miracle ? et la tète de l’Infaillible retomba inerte et sa voix s’éteignit.

—Oui, un grand miracle qui éblouisse la terre, qui jette la confusion dans les rangs ennemis.

—Mais les temps des miracles sont passés… Les os de Saint-Pierre faisaient des miracles ; les fidèles les adoraient ; les anatomistes sont venus, ils les ont pris dans leurs mains pestiférées, et ont blasphémé : « mais ce sont des os de moutons ! » et les os miraculeux ont suspendu leurs miracles. En France la vierge Marie apparut, parla, marcha, et les infidèles partirent d’un immense éclat de rire.

— Ces miracles sont des miracles de pacotille. Il nous faut un miracle pour de bon, un grand miracle. — Monte au ciel et parle à Dieu comme il le mérite, Dieu prend son métier trop à son aise : parce qu’il a travaillé six misérables jours, il croit que pour lui tous les jours de l’année doivent être des dimanches et des lundis. Que dirait-il, que dirions-nous, si les ouvriers le prenaient pour exemple ; Dieu fainéante trop, secoue-le de sa paresse ; qu’il fasse quelque chose pour nous qui faisons tant pour lui ; que serait Dieu sans nous ? Il n’aurait même pas de nom dans la langue des hommes. Saint-Père monte au ciel et ramène-nous sur la terre Jésus ou l’Esprit-Saint ; avec eux nous ferons des miracles et ressusciterons la foi.

L’Infaillible était atterré.