Page:Lafargue - Pamphlets socialistes, 1900.djvu/75

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richesses de ses entrailles, sur la fertilité de sa surface, sur sa mystérieuse fécondation par la chaleur et la lumière du soleil; - elle m’ordonne de renoncer à mes droits de propriété sur le travail de mes mains et de mon cerveau; - elle m’ordonne encore de renoncer à mon droit de propriété sur ma propre personne; du moment que je franchis le seuil de l’atelier, je ne m’appartiens plus, je suis la chose du maître.


Ma religion m’ordonne de travailler depuis l’enfance jusqu’à la mort, de travailler à la lumière du soleil et à la lumière du gaz, de travailler le jour et la nuit, de travailler sur terre, sous terre et sur mer; de travailler partout et toujours.


D. - T’impose-t-elle d’autres devoirs?


R. - Oui. De prolonger le carême pendant toute l’année; de vivre de privations, ne contentant ma faim qu’à moitié; de restreindre tous les besoins de ma chair et de comprimer toutes les aspirations de mon esprit.


D. - T’interdit-elle certaine nourriture?


R. - Elle me défend de toucher au gibier, à la volaille, à la viande de bœuf de première, de deuxième et de troisième qualité, de goûter au saumon, au homard, aux poissons de chair délicate; elle me défend de boire le vin natu­rel, de l’eau-de-vie de vin et du lait tel qu’il sort du pis de la vache.


D. - Quelle nourriture te permet-elle?


R. - Le pain, les pommes de terre, les haricots, la morue, les harengs saurs, les rebuts de boucherie, la viande de vache, de cheval, de mulet et la charcu­terie. Pour remonter rapidement mes forces épuisées, elle me