Page:Laffitte - Le grand malaise des sociétés modernes et son unique remède.djvu/148

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La limitation du droit de propriété, il n’est pas de moyen plus juste de sortir d’une situation pleine de périls ; réalisé il apporte le remède pour ainsi dire instantané à tous les maux de l’après-guerre et même de l’avant-guerre.

Nous allons mettre en valeur les conséquences immédiates ou lointaines de cette réforme bienfaisante.

DETTE DE GUERRE

Inflationistes ou déflationistes, après avoir développé leurs thèses et étalé leurs arguments, restent sur leurs positions. Mais voici le moyen de tous les concilier. Dès lors que dans un délai qui variera entre 50 et 100 ans l’État sera possesseur de tout le sol, de tous les immeubles, une émission supplémentaire de billets de banque, voire pour une somme égale à la dette, n’est plus de l’inflation. La banqueroute ne saurait menacer celui qui possède tout, du moment que la somme de papier qu’il émet reste très inférieure à la valeur du gage[1]. Or ce

  1. Qu’on ne nous oppose pas l’histoire lamentable des assignats, gagés par tous les biens confisqués aux émigrés et à l’Église. Leur dépréciation était fatale puisque l’émission, considérablement supérieure à la valeur du gage, atteignit le chiffre extravagant de quarante milliards, c’est-à-dire une somme représentant environ vingt fois la quantité du numéraire existant à cette époque ! Charles Gide observe fort justement que, même faite en bonnes monnaies d’or et d’argent, une telle émission n’eût pas moins provoqué une dépréciation considérable de la monnaie métallique, puisque celle-ci se serait trouvée vingt fois supérieure aux besoins.
147